Naissance et Baptême
Camille LEDUC naît le 21 mars 1819 à Angers, en la fête de Saint Benoît. Son papa l’emmène le jour même à la Cathédrale pour y être baptisé.
Toute sa vie, Camille gardera le souvenir de ce grand jour où il est devenu enfant de Dieu. Bien souvent, il renouvellera les promesses de son baptême sur les fonts baptismaux. Il demandera aussi aux Servantes des Pauvres d’aller y prier pour lui : « Vous poserez vos mains sur les fonts baptismaux et vous prierez pour moi car c’est là que votre Père est devenu l’enfant de Dieu. »
Enfance et mort de la maman de Camille Leduc
Monsieur et madame Leduc ont ensuite trois autres enfants : Euphrasie, Anne et Théophile. La foi vive de madame Leduc passe tout entière dans l’âme de Camille. Elle lui transmet aussi son amour des Pauvres et des malheureux. Souvent, elle lui dit : « Mon enfant, il ne suffit pas d’offrir aux malheureux le surplus de ta fortune, il faut autant que possible leur donner le fruit de ton travail. »
Au printemps, elle envoie son petit garçon cueillir des violettes. Il en fait des bouquets que la laitière vend sur le marché. Puis, le mercredi, il s’installe sur le pas de la porte et distribue aux mendiants les quelques sous qu’il a gagnés.
L’année de ses 6 ans, Camille a un immense chagrin : sa maman meurt. La maison familiale, oasis souriante et gaie, reste marquée par cette épreuve. Mais dans le cœur de l’enfant, les doux traits de sa mère chérie sont déjà profondément gravés ; ils ne s’effaceront jamais de sa mémoire. Il continue de voir toujours à ses côtés cette image bénie.
Jeunesse de Camille Leduc
Trois ans se sont écoulés depuis que Dieu a rappelé à lui Madame Leduc. Camille a dix ans. D’un naturel vif et remuant, il est facilement espiègle et taquin, se montrant parfois un vrai diable. Dès les premiers jours de sa vie d’écolier, il se révèle être un élève studieux, attentif et réfléchi, ce qu’il sera toute sa vie. Il ne perd jamais une occasion de s’instruire. On le compte tout de suite parmi les bons élèves.
Vers l’âge de 15 ans, il confie à un jeune prêtre intelligent et plein de foi son désir d’être prêtre et son besoin d’avoir un guide spirituel. Il désire en effet vivre sa foi avec plus de ferveur et de fidélité. Trois de ses amis se joignent à lui et ils forment un petit cercle catholique fervent autour de ce jeune prêtre.
La mort accidentelle tragique de deux de ces amis, quelque temps plus tard laisse une impression profonde dans le cœur de Camille : il se sent plus vivement pressé de se donner à Dieu.
Entrée au séminaire
Pourtant, à 18 ans, Camille n’est pas tout à fait décidé sur son avenir. Il garde son désir de devenir prêtre mais il hésite à entrer au séminaire. Il prend le temps de réfléchir et travaille chez un notaire de la ville.
Un an plus tard, sa décision est prise et il obtient l’autorisation de son père – non sans difficulté – d’entrer au séminaire d’Angers. Il a 19 ans.
Au bout de deux ans, il est admis au sous diaconat, mais il demande à prendre du recul : il sent un appel profond à se donner plus totalement à Dieu. Il a le désir de se faire moine à l’abbaye de Solesmes.
Dom Leduc Moine à Solesmes
C’est ainsi que Camille quitte le séminaire et entre à Solesmes le 7 septembre 1842. Saint Benoît, dans sa Règle, résume en deux mots ce qu’il attend des novices : chercher Dieu. C’est, durant son noviciat, l’unique occupation du frère Camille Leduc. Il y met, dès le premier jour, toute son énergie et tout son cœur.
Durant 5 années, au milieu de ses frères du Noviciat, il découvre la vie monastique à l’école de Saint Benoît : la prière, l’office divin, la lectio divina, et tout ce qui fait la vie d’un moine.
Il hésite pourtant encore à faire le pas de se donner tout à Dieu. Il a peur ; sera-t-il fidèle à son engagement ? Confiant dans l’appel de Dieu, s’en remettant totalement à Lui, il fait finalement profession monastique le 8 septembre 1947 et dit ‘oui’ au Seigneur pour toujours.
Après la Profession de Dom Leduc
Frère Camille sert Dieu et ses frères le plus parfaitement possible, sans se ménager. Bientôt son Père Abbé lui demande de partir quêter afin d’aider le monastère alors en difficultés financières. Il s’y donne de toutes ses forces mais sa santé est fragile et il tombe gravement malade.
Sur la recommandation de son Père Abbé, il lui faut partir en Italie où le climat l’aidera à se rétablir.
En Italie – Ordination sacerdotale de Dom Leduc
Durant son voyage en Italie, frère Camille visite Rome et fixe sa demeure à l’abbaye de Saint Paul Hors les Murs. C’est là qu’il va recevoir l’ordination Sacerdotale, le Samedi Saint 26 mars 1853. « Maintenant – dit-il – il ne me reste rien à désirer sur la terre que de m’unir corps et âme à Notre Seigneur Jésus Christ dès cette vie, afin de lui être éternellement uni dans le ciel. »
Séjour à l’Abbaye du Mont Cassin
Dom Camillo – c’est ainsi qu’on l’appelle ! – ne supporte plus le climat de Rome et tombe à nouveau malade. Il est envoyé à l’abbaye du Mont Cassin, au sud de Rome, où le climat est plus sain. Il est heureux de se retrouver là où vécut saint Benoît. « Je me sens attiré doucement et intimement, car c’est ici la tombe de mon Père.»
Homme de foi, humble et droit, la sincérité avec laquelle Dom Camillo mène sa vie monastique fait impression sur les Pères Abbés italiens. Ils lui confient bientôt la lourde responsabilité de former les jeunes qui se présentent au Monastère. Dans cette charge de Maître des Novices, il révèle la qualité de ses dons et de ses vertus. « Sa mémoire demeurera ici en bénédiction » dira plus tard l’Abbé du Mont Cassin.
En 1863, après 13 années en Italie, il sollicite son retour à Solesmes. Désormais, sa vie s’écoule dans la paix de son cher monastère, partagée entre la prière et le travail.
Dom Leduc fonde la Congrégation des Servantes des Pauvres
En 1870, deux évènements marquent une nouvelle étape dans sa vie :
Le premier est la guerre avec ses conséquences : une grande misère gagne tout le pays ; le second, c’est la maladie de son père et sa mort. Dom Camille a le bonheur de lui donner les derniers sacrements. Avant de mourir, celui-ci lui demande de consacrer la maison qu’il lui laisse en héritage à une œuvre de charité.
Le moine se met donc à la recherche de religieuses qui accepteraient de s’occuper de malades Pauvres, gratuitement et à leur domicile. Sa demande est entendue par un curé de paroisse qui met à sa disposition quelques religieuses. Le 10 février 1872, Dom Camille Leduc installent les premières Servantes des Pauvres dans la maison paternelle, sous le patronage de Sainte Elisabeth.
Le Noviciat
Le 25 août 1873, Dom Leduc achète un terrain et une maison – le Clos Saint Louis – en plein cœur du quartier des carrières d’ardoises. C’est là qu’il veut installer et former ses filles ‘pauvres parmi les Pauvres.’
Son premier soin en venant prendre possession du terrain qu’on lui a vendu est de le parcourir et de le mesurer dans tous les sens. Puis, quand il a bien déterminé le point central : « Ici – dit-il aux sœurs qui l’accompagnent – nous bâtirons la chapelle. Ici, nous élèverons un beau sanctuaire en l’honneur du Sauveur et à la gloire de sa Sainte Face, dès que la Providence voudra bien nous en fournir les moyens. »
Le dévouement des sœurs et leur belle mission auprès des malades et des Pauvres éveillent des vocations et il faut songer à la formation de ces jeunes filles. Dom Leduc les enseigne lui-même :
« Les plus malheureux seront leurs préférés. »
« On servira les malades comme s’ils étaient le Christ en personne. »
« Mes enfants, si vous aimez bien Notre Seigneur, vous aimerez les Pauvres. »
« Si une Servante des Pauvres veut être agréable à Notre Seigneur, elle doit d’abord s’appliquer à ne chercher que la volonté de Dieu en toute chose même dans les plus bas services rendus aux malades. » « Mes enfants, soyez pleines de charité pour vos chers malades. C’est à Notre Seigneur que vos soins s’adressent. Ils ne seront donc jamais assez accompagnés de délicatesse prévenante. La charité est la marque distinctive de tous les chrétiens ; elle doit être aussi le cachet de notre œuvre. Soyez donc de bonnes samaritaines de la loi nouvelle.»
« Le soin des corps ne doit pas faire oublier la sollicitude des âmes. C’est là la plus belle mission des Servantes des Pauvres. N’est ce pas imiter l’exemple de Notre Seigneur qui n’a pas dédaigné de guérir beaucoup d’infirmités, mais qui s’est attaché surtout à sauver les âmes et à les conduire au Ciel. »
« Le seul acte réel d’amour de Dieu, celui qui ne trompe pas, c’est l’obéissance. »
La construction de la chapelle Saint Sauveur
Peu de temps après l’arrivée aux Plaines, Dom Leduc songe à construire une chapelle. Avant d’envisager l’agrandissement de la maison des soeurs, le Père Fondateur décide d’abord de construire la Maison de Dieu… le reste viendra après. La règle de Saint Benoît le veut ainsi : « Dieu premier servi. » La première pierre est bénite le 8 septembre 1874.
Il n’a rien pour commencer à bâtir mais il fait confiance à la Providence, et celle-ci se montre généreuse. Alors qu’il hésite encore à se lancer dans une construction aussi importante, il demande au Seigneur un dernier signe. La réponse ne se fait pas attendre : un chargement de chaux et de sable arrive dans l’après-midi, sans qu’il en sache la provenance. Quatre années plus tard, le 8 décembre 1877, l’Evêque d’Angers vient bénir la belle et majestueuse chapelle Saint Sauveur.
Au service des Pauvres
On se souvient du grand amour des Pauvres que Camille a reçu de sa maman. Il ne l’a jamais oublié et veut le transmettre aux Servantes des Pauvres. A cette époque, la détresse des malades démunis de toute aide matérielle, morale et spirituelle est grande. Alors, il veut que les sœurs aillent les soigner chez eux et gratuitement.
En arrivant dans la famille, elles doivent prendre grand soin du malade qu’on leur a confié. Elles auront le dévouement d’une mère et seront prêtes à rendre à la famille tous les services compatibles avec leur mission et leur vie religieuse.
Dom Leduc veut que les Servantes des Pauvres ne restent étrangères à aucun genre de services dans la maison des malades, et que leur charité, à l’exemple du divin Maître et des Saints, embrasse tous les soins qui peuvent être utiles aux malades et aux Pauvres.
Un seul et même amour au service du Seigneur et des Pauvres
Si Dom Camille Leduc veut que ses filles soient de vraies Servantes des Pauvres, il veut surtout en faire de vraies religieuses bénédictines. C’est ainsi qu’il attache beaucoup d’importance à la prière. Le matin, ce n’est qu’après avoir chanté l’office, participé à la messe et prié en silence, que les sœurs partent pour le service des malades.
La prière rythme en effet la journée : Laudes le matin, chapelet le midi, Vêpres le soir et Complies avant le repos de la nuit. La messe est le sommet de leur journée. Chaque jour, elles peuvent recevoir Jésus dans l’Eucharistie. « Après avoir servi le Seigneur aux pieds des autels, – dit Dom Leduc – la Servante des Pauvres continue de Le servir au chevet des malades et des agonisants, » au sein de la famille.
Les dernières années de Dom Leduc
A la fin de sa vie, Dom Camille perd progressivement la vue et devient aveugle. Il supporte avec courage et sérénité cette dure épreuve.
Durant sa dernière maladie, il répète à ses filles qui l’entourent ce qu’il leur a toujours enseigné : « N’ayez jamais d’autre modèle que Notre-Seigneur. Vivez de la Charité du Sauveur. Soyez toujours bien humbles, bien obéissantes, bien simples, bien petites. Ce sont les vertus qui feront de vous des vraies religieuses, des âmes vraiment utiles aux malades Pauvres… Oh ! Soignez bien vos malades ; Ayez un grand amour pour tous les Pauvres… et que votre pauvreté religieuse vous demeure toujours chère…» « Soyez bien saintes ; il faut que vous soyez bien saintes pour sauver des âmes. »
Il meurt le 27 novembre 1895. Sur sa tombe est écrit : « MONACHUS, SERVUS PAUPERUM » – moine serviteur des Pauvres -. Dom Camille Leduc, parce qu’il était très proche de Dieu, s’est fait vraiment le serviteur des plus Pauvres.
Aujourd’hui, à la suite de leur Fondateur, et à l’exemple de Jésus, le Bon Pasteur, les Servantes des Pauvres continuent de servir Dieu en servant les Pauvres et les malades, en un seul et même amour.
Rendez-vous sur notre page : Biographie de Dom Leduc
Retrouvez tous les dessins de Colette Laureau dans le livret
« Dom Camille Leduc » paru aux éditions du Signe,
collection Vies de Lumière – ISBN : 978-2-7468-2571-0
disponible chez les Servantes des Pauvres.