Biographie du fondateur
Né à Angers le 21 mars 1819, Camille Leduc entre à l’abbaye de Solesmes après quelques années de séminaire et y fait profession le 8 septembre 1847. Afin de pallier aux difficultés matérielles de son monastère, il est bientôt envoyé pour des tournées de quêtes en France. Il y montre la mesure de ses capacités et de son dévouement mais non sans dommage : En 1850, il tombe gravement malade. Son Père Abbé l’envoie alors à Rome, au monastère de Saint-Paul-hors-les-Murs où il va enseigner la théologie durant 3 ans. Il reçoit l’ordination sacerdotale le Samedi Saint 1853, en la basilique Saint-Jean de Latran.
Homme de foi, humble et droit, ce fils de Dom Guéranger mène sa vie monastique avec une sincérité qui fait impression sur les Abbés italiens. Soucieux de réformer par l’intérieur la Congrégation Cassinienne, ils confient à Dom Leduc la lourde responsabilité du Noviciat de l’Abbaye du Mont Cassin, près du tombeau de saint Benoît. Dans cette fonction délicate, le nouveau Père Maître révèle la qualité de ses dons et de ses vertus. Plusieurs Abbés bénédictins italiens lui devront leur formation, et l’Abbé du Mont Cassin pourra écrire plus tard : « Sa mémoire demeurera ici en bénédiction ».
En 1863, après 13 années passées en Italie, il sollicite et obtient de Dom Guéranger son retour à Solesmes. Laborieuse et priante, son existence semble devoir se poursuivre dans la paix de la vie monastique. Ses journées sont partagées entre l’Office Divin, les cours de Droit Canonique dont il est chargé, et le travail manuel.
En 1870, deux évènements marquent une nouvelle étape dans son existence. Le premier est la guerre avec ses conséquences désastreuses ; le second est la maladie et la mort de son père. Avant de mourir, celui-ci exprime le désir de consacrer sa demeure à une œuvre de charité. Durant les heures passées à son chevet, Dom Leduc a longuement réfléchi à la détresse des malades pauvres, démunis de toute aide matérielle, morale et spirituelle. Il réalise la nécessité d’un service régulier auprès des plus déshérités. Son appel est entendu par un curé de paroisse qui met à sa disposition quelques religieuses. Le 10 février 1872, les premières Servantes des Pauvres s’installent officiellement dans la maison paternelle, rue Saint-Eutrope, à Angers.
Conformément à la volonté de Dom Leduc, ces religieuses se vouent au service exclusif des Pauvres, à domicile, et dans une complète gratuité. Le dévouement des sœurs, joint à la spécificité de leur apostolat, éveille des vocations autour d’elles ; la question de leur formation se pose alors de façon pressante. Pour donner à la nouvelle fondation son caractère propre, et sur le conseil de l’Évêque d’Angers, Dom Leduc la rattache à l’Ordre bénédictin. Le 25 août 1873, sur le lieu-dit ‘Les Plaines’, un terrain est acquis pour l’établissement d’un Noviciat.
Le moine fondateur est progressivement amené à y fixer sa demeure, tout en gardant d’étroites relations avec son monastère de Solesmes. Sa présence est en effet devenue nécessaire pour la formation à la fois humaine, spirituelle et doctrinale des premières sœurs : l’action apostolique ne pouvant procéder selon lui que d’une vie intérieure profonde, solide, stable comme le roc. Il compose à leur intention un ensemble d’enseignements qui leur serviront de base suivant l’esprit de l’Évangile et la Règle de saint Benoît.
Le 8 mai 1874, l’Évêque d’Angers établit en Congrégation les Servantes des Pauvres, Oblates Régulières de l’Ordre de saint Benoît.
De Dom Guéranger, Camille Leduc reçoit en héritage une foi vive et un grand sens surnaturel. Resté profondément moine, il mène une vie d’ascète, mais il garde une attention continuellement éveillée aux vrais besoins des autres, à leurs détresses surtout ; l’expérience de la souffrance l’a formé à l’amour des malades et des Pauvres. Cet amour de prédilection, il le transmet à ses filles par ses paroles et son exemple.
Une cécité complète marque les dernières années de sa vie, épreuve qu’il supporte avec courage et sérénité. Durant sa dernière maladie, il répète à ses filles ce qu’il leur a toujours enseigné :
« N’ayez jamais d’autre modèle que Notre-Seigneur. Vivez de la Charité du Sauveur. Soyez toujours bien humbles, bien obéissantes, bien simples, bien petites. Ce sont les vertus qui feront de vous des vraies religieuses… Oh ! Soignez bien vos malades ; Ayez un grand amour pour tous les Pauvres… et que votre pauvreté religieuse vous demeure toujours chère… ».
Le 27 novembre 1895, il s’endort dans la Paix de Dieu. Par sa foi, cet humble moine a fait jaillir un nouveau rameau du vieux tronc bénédictin.
Enseignements
Extraits des enseignements de
Dom Leduc
Aux servantes des pauvres
Tout pour l’Église, tout par l’Église,
tel sera l’esprit constant de l’œuvre.
C’est au milieu des Pauvres et des malades que les sœurs doivent passer leur vie, car elles se sont consacrées à leur service par la profession religieuse. À l’imitation du Sauveur, elles s’empresseront de trouver leurs complaisances parmi les petits et les déshérités du monde. Les plus malheureux seront les préférés.
La maison du Pauvre doit être envisagée comme la maison même du Seigneur. La sœur ne doit donc y pénétrer qu’avec foi et respect.
Avec quel respect vous devez servir les membres souffrants de Jésus Christ ; avec quelle religieuse émotion vous devez assister ces âmes prêtes à quitter la terre et à paraître devant Dieu.
Le soin des corps ne doit pas faire oublier
la sollicitude des âmes. C’est même là, la plus belle mission des Servantes des Pauvres.