Servantes des Pauvres

OBLATES RÉGULIÈRES DE L’ORDRE DE SAINT BENOÎT

Notre-Dame : Les 7 et 10 décembre racontés par nos sœurs de Paris

Pour les parisiennes que nous sommes, Noël cette année n’est pas séparable des derniers évènements que nous venons de vivre avec la renaissance de notre cathédrale. Nous voudrions vous partager l’émerveillement qui était le nôtre lors de la messe pour les consacrés le 10 décembre et celui de sœur M. Emmanuelle, déléguée du conseil diocésain pour la vie consacrée à la cérémonie d’ouverture du 7 décembre.

Voici ce qu’elle nous dit :

2024, cette année, à Paris un triptyque s’ouvre à nous. C’est d’abord une année jubilaire, puisque nous fêtons nos 150 ans de reconnaissance Ecclésiale. C’est ensuite une année de compétition, puisque Paris a fêté le retour des Jeux Olympiques après 100 ans. C’est enfin une année de renaissance de Notre Dame, sortie du feu et des cendres par le travail acharné de nos artisans et artistes contemporains.

Oui, la flamme de la Charité nous a revivifiées durant notre Jubilé ; la flamme des JO a rendu l’espérance à ceux qui cherchent la Paix, tandis que les flammes d’une Foi ardente ont triomphé dans notre pays et à l’étranger  rendant possible la reconstruction d’un chef d’œuvre grandiose, demeure du Seigneur parmi les hommes.

Voici donc le compte rendu des 7 et 10 décembre pour vous partager notre joie :

Chez les Servantes des Pauvres à Paris, cette réouverture est d’abord vécue par la prière. Depuis le 8 décembre 2023 Mgr Ulrich en a composé une qu’il a confiée à ses diocésains en préparation de cet événement : « Nous nous préparons tout au long de cette année… à habiter de nouveau notre cathédrale, maison de notre diocèse … Avec le peuple de Paris qui, depuis 860 ans, confie ses joies et ses peines à Celle qui a porté le Sauveur.»

Puis nous sentons l’excitation de la ville à l’approche de la date tant attendue.

Le conseil diocésain de la vie religieuse de Paris reçoit un appel : Mgr Ulrich invite tous les consacrés du diocèse le mardi 10 décembre à 10 h30 pour la sainte Messe et la bénédiction du Baptistère. Il souhaite aussi que la vie religieuse soit représentée les 7 et 8 décembre.

Le conseil diocésain organise alors la journée du 10 : la découverte « de visu » de la cathédrale et la messe seront suivies, pour ceux et celles qui le désirent, d’un repas et d’une conférence à Saint Etienne du Mont sur l’historicité de Jésus. Le président du conseil, Le Chanoine de Menthière, répartit les religieux du conseil pour les cérémonies. Ainsi, il demande à la sœur servante des Pauvres d’être présente le 7 avec le frère Jean Marc et le 10 de faire la première lecture.

« Quelle joie quand on m’a dit : « nous irons à la maison du Seigneur !» Ps 121

L’invitation lui arrive ainsi que la confirmation à sa participation. Notre sœur attend les consignes mais la veille elles ne sont toujours pas là ni le fameux QRcode qui devait arriver sur la boîte mail. … un peu de tension, quelques échanges de mails avec les organisateurs et voilà enfin le laisser-passer désiré qui finit par arriver l’après midi du 6… Nous sentons notre sœur un peu plus détendue !!

Le samedi 7 décembre à Notre-Dame : la renaissance

En raison de la présence de nombreuses personnalités l’entrée et la sécurité sont strictes, comme aux Jeux Olympiques…

Les consignes sont : « arrivée par le pont d’Arcole entre 15h 30 et 15h45, nous vous remercions de respecter scrupuleusement le créneau horaire indiqué. » Notre sœur qui est plutôt de dernière minute, pour cet évènement arrive à 15h15 au Pont où déjà se trouve du monde qui attend l’ouverture des barrières après vérification des invitations. L’ambiance est conviviale, des connaissances se retrouvent. Les prêtres sont invités à entrer en premier, un prêtre dit à la sœur de le suivre mais elle n’ose pas alors un laïc dit : « mais si, passez ma sœur ! » Un membre de la sécurité interpelle alors la sœur : « êtes-vous concélébrante ? » un instant d’hésitation pour la sœur qui souhaite faire une boutade mais les rires et sourires autour d’elle donnent la réponse au garde qui lui demande alors d’attendre avant d’entrer. Vers 15h 45, nous passons les barrières en montrant nos QRcode et notre carte d’identité puis nous pouvons traverser le Pont. Au milieu nous passons des portiques de sécurité qui vérifient que nous n’avons pas d’arme ! Le Chapelet a le droit de passer !! Puis au bout du Pont une tente nous accueille. Là nous devons remontrer notre pass et cette fois on nous met un bracelet de couleur. Celle-ci correspond à notre emplacement dans la cathédrale, soit le bleu pour la soeur.

Puis direction la place de Notre Dame, à nouveau une tente nous accueille et on nous demande de patienter. Mais là encore le garde voit la sœur alors il dit : « Passez, passez et suivez ces messieurs » Notre sœur ne dit rien et passe en suivant ces messieurs qui sont les prêtres… et qui se dirigent vers la sacristie… Notre sœur demande alors à une personne où se trouve l’emplacement bleu alors on lui montre la porte de la tour nord mais celle-ci est encore fermée. Notre sœur attend donc l’ouverture sur la place admirant la façade sous un vent froid et une luminosité grise. Tout d’un coup un bruit sourd s’entend les portes des tours nord et sud s’ouvrent… à ce moment, l’émotion est palpable. En entrant nous sommes saisis par la beauté du lieu, les lumières sont tamisées, les sièges sont vides, les murmures pour les dernières préparations sont discrets, le visage des prêtres ou évêques qui déambulent, expriment l’éblouissement, l’émerveillement. Notre sœur va au centre de la nef, au niveau du Baptistère pour  voir toute cette enfilade : Baptistère, nef, autel, tabernacle, Croix, un alignement parfait et splendide. Là il y a juste à s’incliner car Notre Seigneur n’a pas encore réintégré Sa demeure, le tabernacle doré est ouvert, brillant comme la croix. Nous percevons alors que ce soir nous en sommes aux prémices de l’ouverture.

Notre sœur prend place sur le côté latéral gauche derrière le premier pilier, à la suite des personnes handicapées. A côté d’elle, s’installent les « sous chefs architectes ». Chacune d’elles avait une mission, l’une le presbytère, l’autre tout ce qui est en bois, une autre les pierres, une autre les tableaux. Chacune montre sa joie d’avoir tenu le pari et d’être là aujourd’hui et d’un autre côté la nostalgie de devoir quitter ce lieu car leur travail est terminé, « une retombée un peu rude » dit l’une, même si c’était prévu…  la sœur les remercie de tout cœur. L’une s’exclame : « dire qu’hier nous étions en surchaussures pour ne pas la salir… ». La sœur montre avec amusement une visible couche de poussière au-dessus des stalles, en effet dit l’une nous n’avons pas pu l’atteindre cette semaine, il faudrait un très grand aspirateur car nous n’avons pas le droit d’épousseter à l’ancienne,  la poussière ne doit pas se déposer ailleurs !!

La Cathédrale est maintenant comble, les Présidents rentrent un par un par le coté latéral droit. Nous pouvons les apercevoir dans les allées lorsqu’ils arrivent  à leur place.

19h la cathédrale est bien calme, il y eut d’abord le son sourd du bourdon, Emmanuel, de plus en plus présent et aérien, un silence et une émotion se percevaient comme si l’on attendait le retour d’un battement de cœur !! Puis la voix de l’archevêque de Paris : « Frères et sœurs, entrons maintenant dans Notre Dame. » Entrons ici, entourés de cette foule immense qui témoigne de la joie de croire. Notre Dame, modèle de la foi, ouvre tes portes pour rassembler dans la joie les enfants de Dieu dispersés. »

Notre Président Monsieur Emmanuel Macron remonte l’allée centrale, nous le voyons bien. Puis s’ensuit son discours axé sur la bravoure de l’Homme. Notre sœur voyait bien notre Archevêque qui poursuit :

« Il y a 5 ans, nous étions au chevet de Notre Dame livrée aux flammes. La menace de la disparition de ce que nous pensions solidement établi nous a rappelé notre fragilité. Aujourd’hui, grâce au labeur et à la compétence de tant d’hommes et de femmes qui se sont dévoués depuis le soir de l’incendie, la réouverture de notre cathédrale s’offre à nous comme signe de relèvement, de victoire de la vie et de résurrection. »

Puis le réveil de l’orgue réveille notre âme à la dimension spirituelle, il s’ensuit toute la cérémonie que vous avez pu suivre sur vos écrans.

Il est étrange et en même temps normal de voir tant de gens divers rassemblés dans notre cathédrale car : « c’est cela l’Eglise !! » Puissants ou humbles tous y ont leur place… Bien sûr en voyant tant de personnalités nous ne pouvons qu’espérer que Notre Dame touche leurs cœurs pour aider à chercher l’amour et la vérité, la justice et la paix. C’est une atmosphère étrange, un lieu Saint, purifié, qui accueille à travers tous ces hommes et femmes ce combat entre le bien et le mal palpable à travers tous ces politiciens.

A la fin de la cérémonie, tous les gardes du corps s’empressent dans l’allée gauche pour la sortie qui se fera par le transept gauche. Avant de quitter la cathédrale notre Sœur va s’agenouiller devant la Vierge du pilier lui offrant toutes les intentions, Totus Tuus.

Mardi 10 décembre : Notre-Dame ouvre ses portes aux consacrés

La veille l’organisation est moins stricte, mais il nous faut quand même des invitations, à nouveau un petit peu de stress et tout rentre dans l’ordre. Cette fois c’est 7 invitations qui sont bien là. Le rendez-vous est le même au Pont d’Arcole dès 9h15. Le service des malades est réduit comme un dimanche au strict minimum, nous récitons les laudes puis petit déjeuner et dès 7h30 nous partons au service des malades. Mère Prieure, Sr Maria Pia et Sr Marie Bernadette partiront dès 8h00.  Elles nous  réserveront des places au 3ème rang de la nef à droite tandis que les sœurs soignantes partiront à 8h30. La sécurité est beaucoup plus lâche surtout quand on est en habit religieux, c’est à peine si les agents regardent nos invitations.

L’entrée se fait par la nef centrale ! Le saisissement est grand, Notre Seigneur est là dans Sa si belle Maison, il n’y a qu’à adorer, tomber à genoux, se prosterner. Cette cathédrale représente, raconte, l’histoire de l’homme avec Son Dieu. Des ténèbres à la lumière. La prière n’a plus de mots elle n’est qu’émerveillement.

Toute la communauté se retrouve avec Sœur Marie Lys qui vient d’Angers et qui a aussi la grâce d’avoir été envoyée. Une de ses sœurs a participé à la rénovation des tableaux. Chaque sœur exprime ce qui la saisie le plus : la croix, le tabernacle, la Vierge du pilier, les murs blancs, les vitraux, les tableaux, les peintures murales, le reliquaire de la Sainte couronne, la crèche. Mais l’une de nous voit surtout l’ambon qu’elle devra rejoindre pour la 1ère lecture … depuis 3 jours, elle lit et relit encore pour s’entraîner… à l’approche du moment  le cœur s’accélère… mais le Chanoine de Menthière vient à sa rencontre pour la présenter au cérémoniaire qui la rassure et fait une petite répétition des mouvements à faire. Le cérémoniaire est très attentif et paternel. Il l’aide à monter les marches et la complimentera en descendant. Notre sœur, elle, était bien contente de se rasseoir dans son petit coin et de souffler !!

A la fin de la sainte Messe, nous partons pour les Bernardins, en effet sur les 950 inscrits seuls les 400 premiers ont pu être acceptés au repas : 200 sont aux Bernardins et 200 à St Etienne du Mont. Aux Bernardins les Servantes des Pauvres sont priées d’accueillir les consacrés, les jeunes sœurs sont donc parties rapidement après la Messe. Notre archevêque viendra déjeuner avec nous, s’installant simplement au milieu des religieux présents. Nous le remercions chaleureusement d’avoir pensé à nous pour la bénédiction du Baptistère et de rassembler tous les consacrés de Paris en ce Saint  lieu qui ne peut que nous redonner force et Vie.

Après le déjeuner direction Saint Etienne du Mont pour la conférence de Monsieur Petits Fils sur l’historicité de Jésus suivie des vêpres qui conclue cette belle journée au son du Magnificat.

« Il relève Israël, son serviteur, Il se souvient de son amour ».

Ces moments de grâces, la beauté et la ferveur qui les ont accompagnés, nous ouvrent au mystère qui approche. Avec vous nous nous préparons à chanter « Gloire à Dieu et Paix aux hommes de bonne volonté. »

La communauté Sainte-Françoise Romaine

                                                                                                 

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